Marioupol
Sous l’œil incandescent des figurines atrophiées, le guitariste nu déclame ses palpitations. Sous l’ombre des étoiles à jamais muettes, il tisse ses cordes pour en délivrer l’effroi et donner au cortège des défunts le mobile d’un mouvement inachevé. Balancements têtus ou oscillations sans trêve. Accordéon sinistre des mutilations. Ce mur qui parachève l’écriture sanguine et délace en mémoire la crispation des fuites. Jamais accomplies. Dressés en pieux de fièvre, engoncés dans l’obstination des amnisties, les marécages hideux de l’aphasie gomment les empreintes de leurs ignominies. Des éléphants jaillis du néant, des armures cliquetant sur la paroi des invasions, des cohortes venimeuses dans les rues soudain vides. Quand la fusion des impératifs conjugue son mépris aux emprisonnements de l’âme. S’il te plaît, musicien des mélancolies, glisse tes doigts sur la chair exposée, qu'ils sautillent en falseta les nombres du trésor, celui qui a été désenfoui pour mieux le voler aux paroliers des supplices.
